Partir tout près… Cultiver son jardin, allez à la découverte de ceux des autres… au sens propre comme, surtout, au sens figuré… C’est à cette fantaisiste facétie que vous convie, cet été, Aix-Echos… Plantes à couleur, mots chuchotés, sculptures prophétiques, céramiques poétiques : petits mondes à savourer délicieusement…
Ni cerise, ni griotte !...C’est avec la Lune que Jacqueline Peurière-Ferlin a lié poésie pour son troisième recueil, Lune d’ô, de « lune » à l’autre saison, Itinérance poétique et graphique… Toute une bousculade de mots délicieux et ronds pour dire ses jubilations, acidulés juste comme il faut pour dire ses révoltes mais aussi une ribambelle de petits dessins qui sont posés de page en page comme des papillons facétieux. Haïkus délicats et poèmes ciselés se livrent au regard du lecteur comme un diamant à multiples facettes. Car les vers de Jacqueline Peurière-Ferlin, ont cette sorte de perfection cristalline du diamant. Non seulement on découvre la pierre-poème dans toute sa dimension significative mais aussi on ne peut s’empêcher de scruter les mots-facettes, leur sens caché, inconnu parfois qui renvoie impérieusement aux mystères et à la magie de la langue. Et puis, l’itinérance que propose l’auteur dépasse celle des saisons : elle est itinéraire de vie et de pensée, un jardin intime entrouvert…
Jacqueline Peurière-Ferlin rend hommage à son père, Maurice, lui aussi poète…en publiant quatre de ses textes, un univers tout aussi engagé que celui de sa fille mais en plus long et rond. La poétique de Jacqueline : une épure paternelle ?
FÊTES.
Je ris parce que c’est l’hiver,
Christmas pour la dame de fer :
Je pense aux chômeurs sans ressources
Qui n’ont plus un denier en bourse
Et qui grelottent dans leur coin
En rêvant d’un quignon de pain
Maurice Peurière
LA ROSE ET L’ŒILLET
Ecrire
Toutes les plumes
D’un oiseau
Une à une
Les duvets
Dans leur creux
Dans leur chaud
Là où gîtent les mots
Les dires entendus
Ou qu’on a cru entendre
Leurs vestiges muets
Infiniment figés
Dans l’inarticulé
Subreptice des lèvres
Le murmure trop lisse
A l’avers d’un poème
Défait
Un requiem
Un linceul verset
De fougère et d’iris
Et la rose et l’œillet
Rouge comme tu aimes.
Le jardin change de saison en saison, les fleurs passent, se fanent, renaissent parfois mais la lune tel un diamant brille vaille que vaille et brillera peut être « longtemps, longtemps après que les poètes ont disparu ». C’est sans doute pourquoi Jacqueline Peurière-Ferlin parsème son jardin de dizaine de ces petits diamants, éclaboussant de lumière comme la lune… et éternels …
LES CAILLOUX DU CHEMIN
Je les aurai semés
Les cailloux du chemin
Pour retrouver l’éclat
Des sourires baladins
Via la paix exhalée
Et le grelot des rires
Et rose le jasmin
Sous le vol des phalènes
Tout le cœur du jardin
A battre le tambour
De l’ivresse d’amour
L’odeur du chèvrefeuille
Le bonheur ma reine
Pour qu’à brassées tu cueilles
Je les aurai semés
A rebrousser chemin
A fuir cette mégère
La gluante misère
Son emblème cautère
Béante cette plaie
Entretenue aux fers
Incandescents
Galère
Pour humains
S’il vous plait !
Je les aurai semés
Et plutôt deux fois qu’une
Te décrocher la lune
Et pendre l’inhumaine
Son exsangue défroque
Loque au mât de misaine
Aux hunes des bateaux
La une des journaux
La misère sa peau
Entre enclume et marteau
La faire.
Ainsi guidé, de cailloux de Petit Poucet en diamants façonnés, le lecteur découvrira-il un petit bout du jardin secret de l’écrivain, quelque part entre méditation et imaginaire poétique.
UN JARDIN
Me vient un rêve récurrent
Un songe enchifrené d’enfance
Une séquence
Puis un blanc
Comme un souffle empli de sourires
Comme une brume de rivière
Par un dimanche de printemps
Un jardin mouillé
Un matin
Qui ressemblerait au bonheur
Une palette magistrale
Dégoulinante de couleurs
Comme un bouquet d’éclats de rire
Dahlias pompons ocres et ronds
Où brandille l’asparagus
Plus une crosse de fougère
L’ouvrage est disponible chez son auteur :
Mme Peurière-Ferlin - Le Tramblé - 53 chemin du Tramble - 42260 Saint-Germain Laval
Prix : 14 € + 2 € de frais d’envoi